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LES SIÈCLES MORTS

Des flots de lave ardente et de rouge poussière
Qui s’épanouissaient en gerbes de lumière,
Tandis que, réveillant de leurs pas réguliers
Les rampes, les chemins et les longs escaliers,
Les prêtres khaldéens, en processions saintes,
Vers les autels, dressés au fond des chambres peintes,
Portaient sur des brancards les images des Dieux.
Les harpes frémissaient ; les chœurs mélodieux
Chantaient au Printanier les hymnes liturgiques ;.
Et les parfums fumaient sur les trépieds magiques ;
Et des arbres, des murs, des piliers et des toits
Les colombes d’Ištar s’envolaient à la fois.
Et dans le flamboiement triomphal et suprême,
Comme des spectres noirs, vêtus d’une ombre blême,
Les derniers Dieux perdus pâlissaient ; et l’azur
Voyait la grande Ištar, dans son manteau d’or pur,
Superbe, éblouissante, immortelle et jalouse,
Aux baisers de son Fils frémir comme une épouse
Et, joyeuse, emporter entre ses bras pieux
Douzi ressuscité dans la splendeur des cieux.