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LA LAMENTATION D’IŠTAR

Là-bas, vers Babilou dont la masse agrandie
Croissait et s’empourprait de reflets d’incendie.
Solitaire, au milieu, comme un sommet fumant,
S’ouvrait la Pyramide où reposait l’Amant.
À l’entour, se ruant au lieu des funérailles,
Les Esprits assiégeaient la rampe et les murailles ;
Et les portes roulaient ; et dans la profondeur
Immobile, Samas éteignait sa splendeur.
Et haletants, foulés au seuil du Sanctuaire,
Mêlant un cri suprême à l’appel mortuaire,
Pleins d’angoisse, effarés, loin de leur ciel vermeil.
Tous les Dieux s’engouffraient au Temple du Soleil.


II


Et quand la séculaire et céleste Demeure
Eut englouti les Dieux dans l’ombre intérieure,
Quand sur les panneaux d’or des portails refermés
Les peaux eurent tendu leurs plis accoutumés,
Quand la foule divine, envahissant l’enceinte.
Se fut rangée autour, près de la noire plinthe,
Le Lieu de la Splendeur et de la Majesté
Apparut presque obscur et comme inhabité.

Pareille aux flancs creusés d’une barque profonde.
Recouverte d’émail fondu, la voûte ronde
Brillante de clous d’or, toute peinte d’azur.