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LA LAMENTATION D’IŠTAR

D’éclairs vertigineux et de lueurs de cuivre,
Où de vagues Esprits ailés semblaient poursuivre
L’invisible Jaloux que le mont déroba,
Comme un bûcher, soudain le Sinaï flamba.
Et voici qu’au-dessus des sommets de porphyre,
Sous un ciel de cristal que la foudre déchire,
Quatre grands Keroubim planaient. Leurs ailes d’or
S’unissaient deux par deux dans un unique essor.
Une clarté tombait de leurs quadruples faces,
Et, de tous les côtés, tournoyaient sur leurs traces
Quatre cercles vivants où palpitaient des yeux.
Et dans un vol égal les Êtres radieux
Soulevaient et voilaient sous une tente énorme
Un trône de saphir où siégeait une forme
Terrible, inaperçue, à la barbe de feu,
Comme un vieillard farouche avec l’aspect d’un Dieu.
Le Sinaï rugueux tressaillit d’épouvante ;
Et ce fut dans le ciel comme une ombre vivante,
Quand, parmi les éclairs, le tonnerre et les vents,
Le Tabernacle obscur gonfla ses plis mouvants
Et quand, environné d’horreur et de mystère,
Vêtu d’ombre jalouse, Iahvé solitaire
Aux bras des Keroubim s’enfonça dans la nuit.

Des Dieux, encor des Dieux dont la horde poursuit
D’autres Dieux inconnus que les temples vomissent.
Tramant le flot verdi de ses eaux qui blêmissent,
Le vieux Nil paternel réveille ses ibis ;
Et le glapissement des rauques Anubis,