Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/38

Cette page n’a pas encore été corrigée
18
LES SIÈCLES MORTS

D’une écume éclatante ourlaient le flot marin.
Ils venaient, ceux pour qui les Patésis antiques
Construisaient dans Akkad des demeures de briques,
Les Maîtres de Šoumer, les Dieux de Zirpourla,
Dimmer et Moulkit-lal et tous ceux qu’assembla
Le fidèle Pasteur au temple des Cinquante ;
Nin-ghirsou, le Héros valeureux qui fréquente
Sur un vaisseau marin les eaux de Kasourra.
Et la juste Bagas que le Ciel engendra,
Et Nina souveraine et Dame de la terre,
Et Nin-Kiš, brandissant le sceptre héréditaire.
Enchevêtrant leurs nœuds tordus par l’ouragan,
Des serpents noirs, taillés en pierre de Magan,
Rampaient dans un sillon de flamme et de fumée ;
Et voici qu’avec eux, nombreux comme une armée,
Les Dieux de Babilou, mêlés aux Dieux d’Assour,
Vers le Temple aperçu se hâtaient à leur tour.

Le premier, traversant le ciel des Sept Planètes,
Sur les vents assemblés aux ailes toujours prêtes,
Anou, tel qu’un vieux chef pour qui s’ouvrent les rangs,
Passait ; et les Soleils et les Astres errants
S’écartaient devant lui comme un peuple d’esclaves.
Bel, Maître des Pays, Père et Seigneur des Braves,
Ebranlait en marchant la Montagne du Nord,
Franchissait le sommet d’un pied terrible et fort
Et de son front, armé de six paires de cornes,
Fendait comme un taureau l’immensité sans bornes,
Tandis : que, plein de hâte, avec de grands sanglots,