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LES SIÈCLES MORTS


Ils sont sept, fils d’Allât, dont l’infaillible geste
Est comme un dard aigu dans la peau du dormeur.
Ils corrodent les reins et gonflent la tumeur ;
Le tremblement de terre est leur marche funeste.
Ils volent sur le toit, tordent leurs nœuds rampants
Sous la porte fermée, ainsi que des serpents ;
Tout à la fois poison, fièvre, incendie et peste.

Souviens-toi des Démons méchants, Esprit des cieux !
Esprit de l’Univers, souviens-toi des sept Dieux !

Les Sept, n’engendrant point, ni mâles ni femelles,
Paralysent la femme en énervant l’époux.
La mère, au nouveau-né bercé sur ses genoux,
Offre un lait qui s’aigrit dans ses flasques mamelles.
Ce sont eux qui, repus de larmes et de sang,
Boivent encor sans soif et vont épaississant
La bile jaune au fond des inertes prunelles.

Souviens-toi des Démons méchants, Esprit des cieux !
Esprit de l’Univers, souviens-toi des sept Dieux !

Les Sept ! Conjurez-les, Esprit d’Istar guerrière,
Esprit de Kin, Esprits de Bel et de Ningal,
Esprit des Profondeurs, qui, d’un souffle inégal,
Sur la face du vide as semé la poussière !
Qu’ils n’aient plus de refuge au temple de Satir !
Et que l’homme sauvé les regarde sortir,
L’homme, fils de son Dieu, béni dans sa prière !