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Darayâvous a fui ; le Roi des Rois succombe.
Il traîne aux monts déserts ses pas agonisants ;
Ekbatane est conquise et Pasagardes tombe,
Et le triomphateur souille la haute tombe
Où Kyros oublié dort depuis deux cents ans.

Il vient, le Héros jeune et beau. L’Asie entière
Est le champ de victoire offert au nouveau Roi.
L’éclair dévastateur suit sa marche princière,
Et l’aquilon farouche emporte la poussière
Des empires déchus et des Dieux pleins d’effroi.

Bercé comme un amant aux bras des courtisanes,
La coupe en main, le front coiffé du casque d’or,
Au murmure adouci des musiques profanes,
Il voit le long troupeau des chameaux et des ânes
Hors de Persépolis traîner le grand Trésor.

Mais la torche a couru dans l’ombre des murailles ;
La flamme immense emplit l’obscurité du soir ;
Ainsi qu’une forêt de troncs criblés d’entailles,
L’Apadâna chancelle et, comme des écailles,
Les panneaux émaillés roulent sur le sol noir.

Hellas a tressailli dans ses cités lointaines,
Quand a monté la pourpre et jailli la rougeur ;
Et l’amer souvenir de ses antiques haines
Intarissablement saignant au cœur d’Athènes,
L’immortelle Pallas a béni son vengeur.