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J’honore Ardvi-çoûra, bienfaisante et féconde,
Qui se divise au loin, se multiplie et gronde
Et va purifiant les troupeaux vagabonds,
La semence de l’homme et le lait des nourrices,
La sainte Ardvi-çoûra dont les eaux créatrices
Comme un fleuve éternel baignent le cœur des Bons.

Par mes vœux, par mes chants, par mon culte, j’honore
La Vierge aux bras dorés, au flot large et sonore
Qui bouillonne et remplit la mer Vourukasha ;
Celle qui, s’avançant sur un char de lumière,
S’interroge en secret, songe, et voit la première
Se lever le Très-Saint que son amour chercha.

C’est Elle qui descend des cieux semés d’étoiles.
Les femmes et les chefs, les vierges sous leurs voiles,
Lorsque paraît l’Époux au seuil de la maison,
Les Maîtres des Pays, les guerriers, et tout homme
Qui, devant les troupeaux et les bêtes de somme,
Marche, les yeux fixés sur le vague horizon ;

Les sages Atharvans, gardiens des choses saintes,
Pareils à des pasteurs surveillant les enceintes
Où ruminent les bœufs près du fourrage épais,
Tout être ceint du glaive ou porteur de la Tige
Implore Ardvi-çoûra qui protège et dirige
Le Mazdéen pieux dans la règle et la paix.