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Viens ! Anro-Mainyous, d’un souffle destructeur,
Réveille autour de toi le peuple impur des Drujes.
Voici l’heure où tremblants, mornes et sans refuges,
Les troupeaux éperdus, sur les chemins glacés
Cherchant leur trace vague et leurs pas effacés,
Déserteront la plaine et fuiront la colline,
Jusqu’aux sommets noyés que l’eau couvre et ravine ;
Où la neige hivernale, unie aux quatre vents,
Sans trêve épaissira sur les êtres vivants
La stérile blancheur de son linceul funèbre.
Voici l’heure, Yïma ! L’Aryâna célèbre,
La Terre irréprochable où s’assemblent les Purs,
Sous l’eau torrentielle et les limons obscurs
Sera comme un cadavre étendu dans la fange,
Sans qu’un vol de corbeaux le déchire et le mange,
Si tu ne viens en aide au monde anéanti.
O toi qu’a protégé l’auguste Armaïti,
Trace un enclos propice et construis la demeure.
Que des quatre côtés l’enceinte extérieure,
Longue d’un carétus, enferme tour à tour
Le verger, la maison, le portique et la cour ;
Qu’au milieu du rempart, la porte lumineuse
Resplendisse, en s’ouvrant, dans la nuit ténébreuse.
Et là, près des bassins où murmurent les eaux,
S’accouplera sans peur le peuple des oiseaux,
Sous l’abri parfumé des frondaisons épaisses.
Là tu rassembleras les germes des espèces
Et tous ceux qui, parmi les animaux anciens,
Parqués dans les enclos sous la garde des chiens,