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Je veillais, je luttais, et l’Ennemi, d’en bas,
Par mes créations comptait tous ses combats.
Tout frémit. La mort plane. Anro-Mainyous broie
L’univers éperdu comme une immense proie.
Tremblant et décharné, le Taureau primitif
Pousse dans l’air funèbre un beuglement plaintif,
S’épuise à secouer le Déva qui l’accable,
Dépérit, consumé du mal irrévocable,
Chancelle, tombe et meurt. Mais de ses membres froids
Sortent les douze grains qui germent à ma voix ;
Et comme un vase pur, la Lune fécondée
Recueille sa semence, obstinément gardée,
D’où naissent à leur tour, par couples et jumeaux.
Le bétail ruminant et les grands animaux.

La Terre, sous l’assaut des Drujes perverties,
Telle qu’un mur rompu, se fend en sept parties.
La nuit les enveloppe et sur les sept Karsvars
Le soleil refroidi traîne en rayons blafards.
Le vent chasse la nue opaque ; derrière elle
Tourbillonne la neige et crépite la grêle,
Et l’hiver inconnu, mortel et glacial,
Surgit des nœuds figés du Serpent fluvial.
L’Homme, le premier-né, Gaya, l’unique Ancêtre,
Combat, mais tombe aussi sous l’aiguillon du Traître.
Il meurt I Le germe coule au long du flanc percé ;
Et du flot prolifique, ardent et dispersé,
Encor purifié par la clarté solaire,