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Le céleste Taureau parla dans l’ombre vaste :
— Quel gardien conduira le troupeau bondissant
Vers l’enclos préparé, si le Déva néfaste
Frappe le nouveau Chef et le Pasteur naissant ?

Vers qui s’élèvera, dans les gras pâturages,
Le sourd mugissement du bétail maladif,
Si le Méchant disperse ou corrompt les fourrages
Qu’aiment la Vache-mère et le Bœuf primitif ?

Je t’implore, ô Mazdâ ! moi le premier des êtres
Dont ta fécondité peupla le monde pur,
Et ma plainte vers Toi monte, ô Maître des Maîtres !
Dans l’aurore éclatante ou sous le ciel obscur.

Protège le Très-Saint que j’ai sauvé moi-même !
Qu’il soit le Guide heureux, le Veilleur sans repos,
Pacifique, pieux, plein du Savoir suprême,
Le Pasteur immortel que suivront les troupeaux.

Que l’homme violent le redoute et s’incline !
Que le Sage grandisse à jamais écouté,
Et sème, ô Créateur ! le grain de ta doctrine
Sur la Terre de joie et de prospérité ! —

Et l’âme du Taureau s’évanouit dans l’ombre.
Et vers Zarathoustra, par les cieux éclaircis,
Volait en souriant, favorable et sans nombre,
L’armée aux casques d’or des saintes Phravasis.