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aux multiples agrès,
A la voile de pourpre, aux éclatantes flammes,
Sur le rhythmique effort de leurs trois rangs de rames,
Tels que des monstres lourds frappant, le flot vermeil,
Partaient et décroissaient sur l’orbe du soleil.
Et d’autres, aux flancs creux, pleins de métaux étranges,
D’argent, de poudre d’or, du produit des échanges,
Et d’étain précieux que sous un ciel blafard
Dérobent, dans la nuit, les Iles du brouillard,
Se hâtant vers la rive avec des cris de joie,
Saluaient le rocher paternel, où flamboie
Le temple reconnu de Melqarth Nautonier.
Et de la cave obscure et de l’étroit grenier,
Hors de toute maison, les richesses accrues
En tas resplendissants débordaient par les rues,
Comme le grain foulé sur le sol aplani.

Tous ceux qui débarquaient, marins au front bruni,
Mercenaires armés, chefs royaux et pilotes,
Aux esclaves du port abandonnant les flottes,
Pour l’holocauste offert montaient, dès leur retour,
Vers l’autel où siégeait Melqarth, Baal de Zour.
Les hauts bûchers flambaient, et sur les grands pylônes
Leurs reflets ondoyants couraient en lueurs jaunes.
Et la foule encombrait les cours, les escaliers,
Où des taureaux muets, des veaux et des béliers,
Liés des deux côtés, au bord des marches lisses,