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Abd-Eschmoun, le vieillard de Zour, marchand d’esclaves,
Est assis tristement, farouche, les yeux graves,
Sur une pierre abrupte, au seuil de sa maison.
Au loin, dans la clarté du limpide horizon,
Sur le rocheux îlot que ceint l’antique abîme,
Surgit, pleine de bruit, la Cité maritime,
Zour, ville de Melqarth, dont les premiers vaisseaux
De leurs noirs éperons ont labouré les eaux,
Et franchissant Tarschisch et les mers inconnues,
Aux limites du monde ont, sur les plages nues,
Dressé, doubles témoins, les colonnes du Dieu.
Le port, où vient mourir le flot tranquille et bleu,
S’ouvre, abritant au long des larges quais de pierre
La flotte de commerce et la flotte guerrière.
Et sans cesse, gaouls chargés et déjà prêts,
Navires arrondis,