Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée


O filles de Ziôn, chantez l’époux superbe
Qui vide mon cellier et récolte ma gerbe !
Il est comme un taureau sur les monts d’Ephraïm.
Son bras voluptueux soutient ma tête lasse,
Quand, le soir, pour lui plaire, avec mes sœurs j’enlace
Les danses de Mahanaïm.

Le fils de Bath-Schéba porte encor la couronne ;
Ainsi qu’aux jours anciens, la splendeur l’environne
Comme un manteau brodé qui traîne sur ses pas.
J’ai rêvé de l’époux, qui, parfumant ma couche,
Femmes de Schelomo ! prit le miel de ma bouche.
J’ai rêvé de l’époux ; ne me réveillez pas !




Et le soleil plus bas allongeait sur la Ville,
Comme un voile flottant, l’ombre du soir tranquille.
Mitres, cuirasses d’or, casques, boucliers clairs,
Où d’obliques rougeurs et de mourants éclairs
Erraient, comme un rayon furtif, sur les piscines,
S’éteignaient tour à tour, tandis que des collines,
Des terrasses, des murs, des rochers violets,
Des palmiers indécis, du Temple et des palais
Tombait la majesté d’un vivant crépuscule.
Le cortège des Grands se confond et recule ;
Le peuple s’émerveille et se retourne encor
Vers le trône aperçu dans un nuage d’or ;
Et de l’occident vague incessamment ruisselle