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S’avancent les premiers, majestueux et calmes.
Les Anciens d’Israël, les Vieillards des tribus
Suivent ; et derrière eux, porteurs de lourds tributs,
Chefs des pays, des champs et des coteaux fertiles,
Viennent, à pas égaux, les Intendants des villes.
Le glaive courbe au poing, cuirassés d’or, les Sars
Retiennent les chevaux qui piaffent à leurs chars,
Et passent, exhaussant, parmi la multitude,
Leurs fronts cicatrisés et la majesté rude
De leurs faces de bronze et de leurs yeux ardents,
Et, dans le cliquetis de leurs carquois pendants,
Au poil brun des manteaux mêlent leurs barbes blanches ;
Puis ceux qui, traversant sur des barques de planches
L’abîme inexploré, naguère ont vu fleurir
Les rivages de Kousch et les jardins d’Ophir.
Vêtus d’un cuir serré sous un manteau plus ample,
Les hommes de Zidôn, architectes du Temple,
Habiles à tailler la pierre et le bois dur,
A fondre le métal, à recouvrir d’or pur
Les colonnes de cèdre et les parois des salles,
A joindre sur les toits les poutres transversales,
Précédant les sculpteurs de Gébal et de Zour,
Tiennent la règle droite et marchent à leur tour.
La foule suit, confuse, innombrable, enivrée.
Mais tout à coup, voyant, dans la splendeur sacrée
De sa mâle vieillesse et de sa royauté,
Schelomo, ruisselant comme un soleil d’été,
Trôner sur la terrasse éloignée et superbe,
Le peuple, ainsi qu’au vent penche un vaste champ d’herbe,