Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

marbre et l’airain du Portique,
Et le Temple immortel, la Maison d’Iahvé,
Le Lieu splendide et saint, par son ordre achevé,
Plaqué de lames d’or, surgir dans la lumière.
Il voit Ziôn, la Tour et l’enceinte première,
La caverne interdite où dormiront les Rois
Et le mur de rochers, aux abruptes parois.
Millo s’élève au nord, étageant sur ses pentes
Les grands palais de cèdre aux épaisses charpentes.
Au sud, rempli de bruit et de peuple, l’Ophla
Enserre un quartier sombre, où David exila
La race d’Iebous, parmi les courtisanes,
Les marchands de parfums et les vendeurs profanes
Qui servent en secret des Élohim lascifs.
Plus loin, sous la fraîcheur que versent les massifs
De rouges grenadiers et de fleurs étoilées,
L’eau des sources jaillit au fond des Trois Vallées,
Et Schiloah captive emplit les réservoirs,
Tandis que, découpant ses flancs rugueux et noirs,
Le mont des Oliviers, comme une forteresse
Immense, à l’horizon connu flamboie et dresse
Sur Ierouschalaïm son faîte illuminé.

C’est l’heure où, gravissant les rampes de Mischné,
Vers le Roi, solitaire et muet sur son siège,
Tout un peuple joyeux serpente en long cortège.
Les Cohanim, vêtus de tuniques sans plis,
Balançant, deux par deux, les encensoirs polis,
Sous l’ombre intermittente et le frisson des palmes,