Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xiii
PRÉFACE

Voici l’œuvre que le poète a rêvé d’écrire, et qu’il écrira peut-être. Elle ne dépassera pas le seuil du Moyen-Âge et l’heure même où tout est mort de ce qui fit la force ou la beauté de la haute antiquité.

Quelques mots sont nécessaires pour expliquer de quelle manière ces poèmes ont été conçus. Ils ne sont pas, en général, des traductions ou des interprétations ; mais l’auteur a essayé, en s’inspirant des textes et des monuments connus, en groupant les détails d’une même époque, en ne s’écartant pas des données admises par la science, d’imaginer une action et un cadre où puisse se développer poétiquement quelque tableau mythique, religieux ou historique. L’auteur croit, par exemple, que pour donner une idée vraie de la poésie des Prophètes, il ne suffit pas, en principe, de prendre une traduction et de transposer en vers un morceau d’Isaïe ou d’Ézéchiel, fût-ce le plus beau et le plus éloquent : mais que c’est à l’écrivain même, possédant à fond toute la littérature prophétique, imprégné de l’esprit des temps et des circonstances, à composer un poème qui contienne la substance des diverses œuvres qui l’inspirent et qui soit, en quelque sorte, une nouvelle et véritable prophétie.

L’auteur ne se dissimule pas que ce volume aurait besoin d’être accompagné de notes nombreuses. Mais un appareil d’érudition n’ajouterait rien à la valeur intrinsèque des poèmes, si toutefois ils en possèdent quelqu’une. Les poèles qui voudront bien lire ces vers, jugeront si la matière historique a été convenablement transformée en matière poétique. Les érudits s’apercevront peut-être que