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Si son cœur est pareil à l’onagre sans frein,
Si Milkom ou Kemosch ont dévoré mes dîmes,
Si les pieux de Baal et les Serpents d’airain
Du Libanon ombreux ont profané les cimes :

Alors, tournant vers toi ma face de terreur,
Je répandrai le sang comme une horrible pluie,
Et romprai dans ta main, ô peuple ! en ma fureur,
Le bâton de ma force où ta marche s’appuie.

Sur ton sol de métal, du haut d’un ciel de fer,
Parmi les oliviers, la vigne et les récoltes,
J’exciterai la flamme et je tordrai l’éclair,
Vengeant sept fois ton crime et sept fois tes révoltes.

Vous tramerez, Lions ! des gorges aux sommets,
La chair des nouveau-nés pendue à vos crocs sombres.
Et les nids des hiboux empliront à jamais
Les fentes des cités et le creux des décombres.

Tes idoles, tes bois, tes cippes, tes hauts-lieux,
Broyant, je les broierai comme un verre fragile ;
Et j’étendrai, muet, ton cadavre odieux
Sur les cadavres froids des Baalim d’argile.

Que le vomissement des fornications,
Rejaillissant sur toi, souille encor tes murailles !
Et qu’Israël, vanné parmi les nations,
Soit comme un grain pourri qu’on jette avec les pailles !