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Voilà que t’avançant dans mes sentiers étroits,
Selon ma règle antique et mon précepte auguste,
Te verras, dans tes champs hérissés d’épis droits,
Croître le blé du Riche et la moisson du Juste.

Pour tes lourds chariots, rentrant le nouveau blé,
Des gerbes d’autrefois tu videras tes granges,
Et le grain débordant, aux pieds des bœufs foulé,
Chargera l’aire encore au matin des vendanges.

Et quand sur les coteaux pierreux les raisins noirs
Verseront l’allégresse au fond de tes entrailles,
Réjouis-toi, mon peuple, au bruit de tes pressoirs
Gémissant jusqu’au jour des lointaines semailles !

Dressant mes pavillons et ma tente au milieu
De vos camps défendus, et semant les miracles,
J’habiterai, caché dans le nuage en feu,
Comme un hôte jaloux, parmi vos tabernacles.

L’épée étincelante en cercle fauchera
Les ennemis fuyant sur la terre usurpée ;
Un seul de vos guerriers en frappant suffira
Pour en abattre mille au vent de son épée.

Mais si, brisant mon joug et le pacte divin,
Si, rebelle et têtu comme un âne indocile,
Mon peuple inattentif, guidé toujours en vain,
Pour de nouveaux autels déserte mon asile ;