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Sur les chemins perdus, dans les larges ornières,
Au pas égal des bœufs ne roulait aucun char.
Et les Mâles en pleurs, courbés de lassitude,
Loin des champs sans moissons et des bourgs dévastés,
Ainsi que des vieillards, avec la multitude,
S’écrasaient en hurlant aux portes des cités.
Israël ! tes guerriers, pareils à des esclaves,
Tremblaient, s’humiliant sous le bâton des Rois.
Où donc couraient les Forts ? Où donc fuyaient les Braves ?
Où luisait une épée et sonnait un carquois ?
Car ta race, ô Seigneur ! ayant, parmi les races,
Choisi des Élohim pétris d’impurs limons,
A l'ombre des pins noirs, dansait devant les faces
Des Elohim nouveaux adorés sur les monts.

Mais moi, moi Debora, je parais et me dresse
Comme une mère en deuil, au milieu des tribus.
J’ai relevé leurs cœurs au temps de la détresse,
Et réveillé tes fils endormis dans l’ivresse
Et le vomissement des vins qu’ils avaient bus.

O vaillants d’Israël ! ô peuple, offrant sans crainte
Ta chair en holocauste au Dieu qui t’a sauvé !
O générations, foule innombrable et sainte,
Sur terre et dans les cieux bénissez Iahvé !
O vous, qui sur le dos des ânesses luisantes
Passez par nos chemins, voyageurs anxieux,
Vous qui siégez au bord des sources jaillissantes,
Bénissez Iahvé sur terre et dans les cieux !