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Or à sa voix les fils des tribus exultèrent,
Et ce soir-là Baraq et Debora chantèrent :

— Puisque pour la vengeance Israël s’est levé,
Puisque dans le péril son cœur n’eut point d’alarmes,
Puisque les Chefs offerts ont agité leurs armes,
Sur terre et dans les cieux, bénissez Iahvé !
Béni soit Iahvé ! Princes, ouvrez l’oreille !
Rois, écoutez le Psaume, aux lèvres de l’Abeille,
Eclater dans l’aurore et monter dans la nuit !
Car je glorifierai l’Élohim de mes pères
Et le Libérateur qui frappe et qui détruit
Nos ennemis joyeux dans leurs cités prospères.

Quand les sables d’Edom, quand les monts de Séir,
Sur la poussière en feu, sur la cime âpre et nue,
Comme un astre du soir, Seigneur ! t’ont vu jaillir,
Le sol épouvanté frémit ; et dans la nue
Les outres de la pluie ont rompu tous leurs sceaux.
Devant toi s’est crevé, comme un rempart sans force,
Le réservoir antique où s’engouffraient les eaux,
Et la terre ébranlée a fendu son écorce.
Dans le désert jaloux des cieux que tu soumets,
Tu voles comme un aigle au-dessus des abîmes.
Tu parais, ô Seigneur ! et sous tes pieds sublimes
Les montagnes de marbre abaissent leurs sommets !

Chantez ! L’effroi subit hantait les fondrières
Des chemins effacés, comme aux jours de Schamgar.