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Elle appela Baraq ; et le cri de sa bouche
Fut, parmi les tribus, comme un clairon farouche
Sonnant la délivrance et le réveil promis :
— O fils d’Abinoam I contre nos ennemis
Voilà que l’Éternel, comme un vengeur, se lève !
Je vois courir l’éclair sur le tranchant du glaive,
Et l’aigle des sommets reprendre son essor.
Iahvé devant toi marche vers le Thabor,
O Baraq ! Et sa force arme ton bras débile.
Va ! choisis tes guerriers, ô Chef ! et prends dix mille
Des Forts de Naphthali, des Forts de Zeboulon,
Et descends avec eux écraser du talon
Iabin de Haçor et l’invincible foule
De Kenaan. Combats ! Le sang qui fume et coule
Rougit les flots épais du Qischon débordé ;
Et Sisera, pareil au cheval débridé
Qui s’échappe, les crins épars et hors d’haleine,
Vers l’enclos de Héber fuit dans la vaste plaine.
Mais par ses noirs cheveux tu ne suspendras point
La tête du Guerrier formidable à ton poing.
C’est aux mains d’une femme, à l’ombre de sa tente,
Qu’Élohim a livré la victime éclatante,
Comme un bélier promis au couteau du boucher. —

Or, cela fut ainsi. De rocher en rocher,
Comme un torrent subit roulant ses eaux gonflées,
Des cimes du Thabor aux pentes des vallées
Les dix mille vaillants d’Israël ont bondi.
Du camp Kenanéen dans l’ivresse engourdi