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Par toi germent les fleurs, les champs d’herbes vivaces,
Par toi l’or étincelle et le lapis bleuit ;
Tu fais souffler les vents, tu diriges, tu traces
L’époque de la graine et la saison du fruit,
Et par toi, sur la terre où tes yeux l’ont produit,
Le troupeau des humains étend ses quatre races.

Ciel du midi, du nord, de l’est et du couchant,
Horizons éblouis, ouvrez vos portes saintes,
Devant Râ qui s’avance et grandit en marchant.
Esprits des morts divins, libres de vos étreintes,
A genoux sur sa route, en baisant ses empreintes,
Acclamez le Vainqueur d’un innombrable chant !

Hommage à toi, Soleil, engendré par toi-même,
Soleil, toujours antique et toujours rajeuni,
Dont le bras, sans faiblir, frappe l’impie et sème
L’épouvante de vivre au cœur de l’impuni,
Père des siècles morts et du temps infini,
Véridique, coiffé du double diadème !

Hommage à toi, Soleil ! Râ, que nous entraînons
Dans le vaisseau joyeux des millions d’années ;
Hommage de ta suite et de tes compagnons,
Lorsque, renouvelant tes formes spontanées,
Tu parais à ton heure, en maître des journées !
Hommage à toi, Soleil, adoré sous tes noms !