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nt.
Et les justes Esprits sans relâche en ramant.
Poussaient le vaisseau d’or sur l’onde illuminée.
Saluant son départ, au seuil de la journée,
Les Akhimous halaient la céleste bari,
A la proue éclatante, au gouvernail fleuri,
Qui, traversant l’abîme et la morne vallée,
Sous l’abri frissonnant de sa tente étoilée,
Portait le Dieu-Soleil vers l’horizon béant.

Et le Disque s’avance, et l’ombre et le néant,
Le ciel inférieur, la cuve tout entière
Où fermente la vie, où se meut la matière,
Tout frémit, ressuscite aux yeux du Fécondant.
Il monte ; et sur sa barque, en un sillage ardent,
Au travers de l’Espace accélérant sa fuite,
Le Dieu reçoit les Morts triomphants à sa suite.
Et Neb-Seni, vêtu de lumière, enivré
De l’éblouissement du voyage éthéré,
Se mêle à l’équipage et circule et s’absorbe
Dans la flamme solaire et dans l’Œil du grand Orbe.
Neb-Seni, comme un astre indistinct et noyé
Dans le fleuve lacté du ciel multiplié,
Palpite et resplendit en la rougeur vivante.
Son corps est le gardien, son âme est la servante
Du Lion qui se dresse aux régions d’Aker.
Il est le jour qui luit ; il est le jour d’hier,
L’Éternel Devenir où sa forme englobée
Renaît pour se dissoudre au sein du Scarabée.
Il s’élance ; il grandit sur le chemin du Nil ;