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Sous le Cynocéphale osciller la balance,
Et le doigt d’Anopou peser exactement
Dans les plateaux légers le poids du Jugement.
Il parle ; et de sa bouche où gémit la prière,
Sa vie, aux jours nombreux, s’échappe tout entière,
Et son cœur, face à face avec la Vérité,
Apparaît dans sa fange et dans sa nudité.

— Salut à vous, Seigneurs de la nuit absolue !
Salut, quarante-deux ! O chefs, je vous salue !
Vous tous, qui, réjouis par le sang des pécheurs,
Dans les tombeaux des morts plongez vos yeux chercheurs !
Je te salue, ô Toi Véridique, Ame double,
Osiris Oun-nowré, Dieu que jamais ne trouble
Le remords qui s’acharne au cœur des disparus !
Je viens à toi. Le fouet de mes péchés accrus,
O saint ! ne mordra pas ma chair abandonnée.
Sur le chemin d’en haut semant ma destinée,
Comme un sage ouvrier qui médite en marchant,
Je récolte aujourd’hui le blé pur de mon champ.
Salut ! Salut ! Salut ! J’avoue et justifie
Le temps de ma durée et le cours de ma vie ;
Et mes actes humains, déroulés à la fois,
Sont tels que des tableaux gravés sur des parois.

J’ai vécu. Pi-Amen, le nome et ses provinces
Ont ajouté mon titre à la liste des princes ;
Et les chefs des soldats, comme au poste d’honneur,
Suivaient, le glaive au poing, les pas du gouverneur.