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Elle vient ; elle appelle et, planant au-dessus,
Réveille la momie, écarte les tissus,
Brille comme une flamme en une lampe ardente,
Et de sa clarté vive, intacte et fécondante,
Pénètre, anime, emplit le cadavre sauvé.

O nouvelle existence ! ô souffle retrouvé !
Le Défunt parle et vit ; le fer sacré le touche
Et brise tout à coup l’entrave de sa bouche.
Sa langue humaine, agile et prête aux anciens mots,
Circule allègrement entre les bords jumeaux
Des lèvres que le sang teint de pourpre subite.
Son œil, encor voilé, se rouvre dans l’orbite.
Il tend les bras ; il marche et ses pieds sans liens
Dépassent l’hirondelle et la course des chiens.
Puis, telle qu’une étoile au fond de la nuit noire,
Voilà qu’en hésitant refleurit la mémoire,
Et qu’à voix haute, au loin, la Mort a proclamé
Le terrestre surnom dont il était nommé.
Son cœur d’homme, troublé par la vie éphémère,
Son cœur qu’il a reçu comme un don de sa mère,
Son cœur ressuscité, son cœur palpite en lui.
Sa poitrine se gonfle et commande aujourd’hui,
Selon l’ordre immuable et les règles exactes,
Au tourbillon dompté des désirs et des actes.

Comme un guerrier puissant, tout armé, Neb-Seni,
Le bâton dans la main, vénérable et muni
De force, de science et de charmes magiques,
Bondira sans effroi vers les combats tragiques