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Et le soir qui descend et le bon Amenti,
Où revient Osiris, d’où lui-même est sorti,
Quand, au jour du cercueil, s’engendrant en lui-même,
Phœnix ressuscité dans son vengeur suprême,
Il absorbe le temps, l’éternité, la loi.
Tu dis les doubles yeux resplendissant sur toi ;
Les deux bassins jumeaux où gît la Grande Verte,
Et le phallus sanglant et la cuisse entr’ouverte,
D’où la vache Mehour délivre l’Œil sacré ;
Et le combat nocturne et Râ transfiguré,
Et l’âme renaissant du baiser des deux âmes,
Et le Dieu-Lévrier, gardien du Lac des flammes,
Et le grand Chat dans On, au pied du Perséa ;
Et le Dieu monstrueux et celui qui créa
Des supplices nouveaux, la nuit du dernier compte ;
Et la Déesse au mufle écrasé, que surmonte
L’orbe resplendissant entre les cornes d’or,
Khem, au bras prisonnier, et le Mangeur d’Hathor ;
Et, comme un long manteau, les boucles protectrices
Ruisselant sur ton corps, du front des deux Nourrices.

L’Ame a dit le secret. Elle est comme un miroir
Dont le métal poli réfléchit tout savoir.
Elle se lève ; un flot de rayons l’environne ;
La Vérité des Dieux la pare et la couronne ;
Elle est comme un vaisseau près d’aborder au port ;
Elle avance ; et rompant les verrous de la mort
Et la tombe où, muette, attend la chair jalouse,
Vers son corps endormi vole comme une épouse.