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— Osiris, Taureau de l’Amenti,
O Roi d’éternité, mon œil appesanti
Se fixe sur le mur de ta demeure antique.
Je viens ; je suis semblable à ton vengeur mystique :
Je suis Horus ! je suis Fils du Stable, enfanté
Dans l’infrangible lieu de la Stabilité.
L’Immobile de cœur, dont la parole est vraie,
Me reçoit. Je suis Thot. J’entre, je sors, je fraye
Le chemin véritable à la barque de Râ.
Mais quand avec les Dieux le Juge apparaîtra,
Quand je serai pesé, ni mal ni violence
Ni péché de mon cœur n’entraînant la balance,
Que, naviguant à l’ouest dans le cercle vermeil,
Je surgisse et flamboie à côté du Soleil ! —

Et voici qu’à travers l’immensité liquide
De l’Abîme, perdue, hésitante et sans guide,
L’âme, comme un serpent qui déroule ses nœuds,
Se dégageait de l’ombre ; et les deux Lumineux,
Les Lions flamboyants des prunelles solaires,
L’accueillant aux remparts des champs crépusculaires,
La présentaient, captive et morne en ses réseaux,
A Toum, né de la Grande, au sein des calmes eaux.
Embarrassée encor de bandeaux et de linges,
L’immobile jaillit des entrailles des singes.
Le Mobile éternel et grimaçant toujours
La fuit et l’abandonne à l’océan des jours
Où, vivante, elle meut dans les replis des choses
Le cycle interrompu de ses métamorphoses.