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Des simulacres noirs peuplaient la nécropole.
Les lamentations cessaient ; toute parole
Expirait lentement aux lèvres des amis,
Et seuls, vaguant en troupe aux ravins endormis,
Les chacals aboyaient dans l’ombre sépulcrale.
Repose, ô Neb-Seni ! Que la chambre centrale
Où ta momie heureuse est couchée à jamais
Déborde de boissons et regorge de mets !
Que tout passant futur, lisant ta noble stèle,
Redise au Dieu gardien la prière immortelle,
Et que ton âme errante et ton corps dédoublé,
Pareils à deux oiseaux qu’emporte un souffle ailé,
Réunis à la fin du temps expiatoire,
Plongent dans la lumière et planent dans la gloire !


II

Tel qu’un chant de marin qui décroît sur le Nil,
Tout bruit s’apaise et meurt. Loin du terrestre exil
L’âme de Neb-Seni se réveille et commence
La descente subite et le voyage immense.
Elle va, franchissant la porte de l’Enfer,
L’abîme inférieur du divin Nouter-Kher,
Et, comme un épervier ouvrant ses ailes sombres,
Plonge au pays nocturne où s’engouffrent les ombres,
Elle parle