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Écoutez ! C’est le port où tout revient finir,
Races des premiers jours, nations à venir,
Où toute chose humaine aborde, roule et tombe.

Mourir, c’est se dissoudre au cœur illimité
De celui dont le temps emplit l’éternité ;
C’est unir à son Dieu sa poussière et sa gloire ;
C’est présenter son âme au creux de ses deux mains,
Et nourri de justice et de mets surhumains,
Dans la barque divine embarquer sa mémoire.

Ta mémoire, ô Louable ! est dans On, et les Dieux
Découvrent le mystère à ton œil radieux.
Anopou te soutient, ton Seigneur te protège ;
Les tissus de Taït voilent ton corps ; Manou
A suspendu l’émail funéraire à ton cou ;
Les deux sœurs d’Osiris ont suivi ton cortège.

Car dès son jeune éveil, sans crainte et sans effort,
Ton âme a préparé la couche de la Mort
Comme une épouse heureuse un lit sans flétrissure ;
Et joyeux dans ton cœur et plein du dernier jour,
Comme ont fait tes aïeux, n’as-tu pas à ton tour
Aux monts occidentaux creusé ta sépulture ?




Le soir obscurcissait les murs silencieux
Des tombeaux. Sous la lune immense au fond des cieux,