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et dans leur chevelure
Semant la boue épaisse et la poussière impure.

À travers Pi-Amen, dans l’ordre habituel
Réglé pas les Grands Dieux et le saint Rituel,
Le cortège éploré déroule en longue file
Sa pompe accoutumée aux portes de la ville.
En tête, transportant les meubles du tombeau,
Le lit, les coffrets peints, le siège et le flambeau.
Les figures d’émail, les vases, les offrandes,
La bière fermentée et les pains et les viandes,
Marchent les serviteurs que Neb-Seni vivant
Aveuglait de rayons comme un soleil levant.
Et derrière eux, parmi les pleureuses, le Prêtre
Parfume avec l’encens le char pompeux du Maître.

Mais le Nil vénéré traîne ses flots divins ;
Et les radeaux emplis nagent vers les ravins
Et les rocs, surplombant la rive occidentale
Où la crypte s’enfonce en une nuit fatale.
Le mort s’embarque, il vogue et, passager d’un jour,
Voyage vers le puits du ténébreux séjour,
Tandis que sur les eaux le battement des rames
D’un rhythme intermittent scande le chant des femmes.


LES PLEUREUSES.

Laissez, ô matelots, laissez, laissez encor
Pendre les avirons au long des barques d’or !