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la rampe,
Vers les pins résineux et les cyprès géants
Comme un monstre écaillé la flamme ondule et rampe.

Des cascades d’airain, de fauves océans
D’asphalte et de métal, écroulés des tours noires,
Roulent en nappes d’or sur les degrés béants.

Comme une eau qui se brise aux flancs des promontoires,
La flamme qui déferle en longs replis cuivrés
Couvre les zigurrâts et les observatoires.

Tout disparaît : taureaux, gardiens des seuils sacrés,
Simulacres divins, gigantesques statues
Des rois anciens, siégeant sur des trônes dorés.

Et les montants dressés des portes revêtues
D’ivoire, et les piliers de cèdre étincelants
Flambent dans la hauteur des salles abattues.

Parmi la vague rouge, aux immenses élans,
Seule la Pyramide antique érige encore
Ses temples étages et ses toits rutilants.

Mais sans repos le feu court, s’irrite et dévore
La ville entière et monte et l’étreint brusquement
De la base au sommet d’un jet multicolore.