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les flûtes alternées


V


Ô vingt ans printaniers ! Étincelante aurore !
L’amour, à son matin, farouche et libre encore,
Est comme un jeune aiglon qui tente un premier vol.
Sa plume en frémissant palpite et bat le sol ;
La crainte et le désir luttent dans sa prunelle.
Avide, au bord de l’aire il entr’ouvre son aile
Et s’élance. L’orage est moins rapide ; il sent
Dans l’air tumultueux flotter l’odeur du sang ;
Parmi l’herbe et les fleurs il distingue sa proie
Et plonge de l’espace et s’abat, perce et broie
Et disparaît sanglant dans la nuée en feu.

Il grandit. L’astre d’or irradie au ciel bleu ;
Les troupeaux confiants dorment dans la campagne ;