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le serment

Et, quand de la demeure où la mort nous convie,
Vieillard au front ridé, fantôme à peine humain,
D’un pas toujours plus bref je suivrai le chemin,
Arbres chenus du parc, pierres inébranlées,
Eaux qui fuirez toujours dans les mêmes vallées,
Vous me reconnaîtrez quand je viendrai, le soir,
Solitaire et songeur, sur l’humble banc m’asseoir,
Et direz, vous, ruisseaux, avec la voix des ondes,
Vous, avec le frisson de vos branches profondes,
Ô chênes ! — Il aima d’un amour immortel,
Et son cœur, en brûlant devant un seul autel,
Lorsque tout croule, meurt, s’éteint ou s’évapore,
Nourrit le même feu qu’à la première aurore.