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le serment


IV

LE SERMENT


Rochers, gardiens obscurs de l’antique rivage,
Cèdres, pins où le vent gémit, sentier sauvage
Effacé sous la neige entre les buissons noirs,
Frais étangs où flottait la pourpre des beaux soirs,
Où se baignait l’aurore, où se mirait l’étoile,
Vallée où l’ombre croît et s’étend comme un voile,
Ondes, pierres, chemins, arbres que j’ai connus,
Vous êtes là toujours inébranlables, nus,
Frémissants, vaporeux, pleins d’oiseaux et de mousses !
Vous êtes là toujours, témoins des heures douces,
Graves comme au matin où, sous le ciel clément,
Vous avez entendu mon éternel serment.

J’ai dit : — Que désormais mon cœur, joyeux ou morne,