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les flûtes alternées

Écartant les buissons de sa hure difforme,
Bondira, menaçante et plus rapide encor
Que le vent automnal parmi les feuilles d’or.
Je verrai sur le dos croître l’horrible peigne
Et tout à coup ma chair, ô Dieux ! ma chair qui saigne,
Frémira tout entière au formidable choc.
Et le croc monstrueux sur la mousse et le roc
Épandra l’abondante et vermeille rosée,
Tandis qu’en s’échappant mon âme inapaisée
Nisa ! soupirera ton doux nom dans la mort
Et que, sept fois percé par la dent qui me mord,
Victime de tes jeux et des Éros funèbres,
Je resterai gisant dans les vertes ténèbres,
Jeune et déjà pâli, sans force, déchiré,
Mourant comme Adonis, mais n’étant point pleuré.