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idylle

Les agneaux de Daphnis paissent avec les siens ;
Sur leurs troupeaux unis veillez, veillez, ô chiens !


II

LA GROTTE.


Viens ! Je sais tout au fond du bois qui nous accueille
Un lieu plus frais encor, plus discret, où la feuille
Frissonne au lent baiser d’un zéphyr immortel,
Un asile azuré, plein de silence et tel
Qu’une Déesse même en chérirait les ombres.
Parmi des rocs moussus et d’humides décombres,
Une grotte ignorée ouvre un porche arrondi.
Un ruisseau murmurant, coulant du seuil verdi,
S’échappe dans les joncs. Écarte le saule ; entre,
Nisa ! mais sans trembler, car ce n’est point un antre
Où l’on voit écumer et se tordre au milieu
Quelque fleuve indocile enchaîné par un Dieu.
Un jour mystérieux glisse par la crevasse
Du faîte. Le lotos, le narcisse vivace
Et l’iris violet et le nénuphar blanc
S’unissent pour mirer dans le miroir tremblant