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les flûtes alternées

 
Et toi qu’éblouit la croyance,
Tu diras : — Toute chose ment.
Il n’est, ami, qu’une science
Que je devine éperdument.

Le cœur la révèle à l’amante,
Le baiser l’enseigne à son tour.
C’est le bonheur qui te commente,
Science auguste de l’amour ! —

Et tandis que nos voix tremblantes
Se tairont dans le soir divin,
Filles du temps, jamais trop lentes,
Heures ! vous sonnerez en vain.

Car défiant l’ombre obstinée,
L’oubli, les ans prompts à tarir,
Et ne formant, ô destinée !
Qu’un vœu magnifique : mourir !

Mourir lorsque la flamme encore
Peut brûler et s’éterniser,
Jeunes, épris, baignés d’aurore
Disparaître dans un baiser !