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avenir

 
Je t’expliquerai que l’histoire
N’est qu’un sépulcre plus profond
D’où le penseur sort, l’âme noire
De la nuit qu’il découvre au fond ;

Qu’être César, être Alexandre,
Empereur, dompteur des vivants,
C’est laisser un peu plus de cendre
À l’éparpillement des vents ;

Qu’avoir soumis Athènes, Rome,
Paris, être illustre et vainqueur,
Ô belle ! ne vaut pas en somme
La conquête d’un jeune cœur.

Et tout bas, âme qu’auréole
La foi, cœur candide et sacré,
Temple immaculé d’où s’envole
La prière, je t’avouerai

Que pour guérir de ses ulcères
La fauve et morne humanité
Je crois les Dieux moins nécessaires
Qu’un peu d’amour et de bonté.