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pluie de mai, pleurs d’amour

 
L’Hamadryade qui s’ennuie,
Dans le cœur d’un chêne écarté
Fait au Sylvain trempé de pluie,
Un peu de place à son côté.

Et l’arbre grave, ému d’entendre
Un double baiser l’éveiller,
S’effarouche d’un tel esclandre
Pour ta pudeur, profond hallier !

Ainsi, comme un printemps morose,
L’amour a des matins en pleurs,
Si tristes que la pâle rose
A l’air de laver ses couleurs.

L’amour comme un oiseau secoue
Ses plumes lourdes ; anxieux,
Il pleure en voyant sur ta joue
Rouler les larmes de tes yeux.

Mais il sait, ô belle ! que l’ombre
Est fugitive et que pareil
Au tronc divin du chêne sombre
S’entr’ouvrira le seuil vermeil ;