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les flûtes alternées

 
Le char d’or auguste et sublime,
Rayonnant, fauve, aux chevaux clairs,
Qui roulait du faîte à l’abîme
Dans la lumière et les éclairs,

Et tout vibrant de l’harmonie
Des strophes et des vers sacrés,
Dans le vertige du génie,
Vers les inconnus effarés,

Vers l’azur immense et sans voiles,
Vers la splendeur des nouveaux cieux
Nous emportait jusqu’aux étoiles
Comme la boue à ses essieux !

Frère ! t’en souviens-tu ? L’aurore
Et la vie et l’art et l’amour
Subitement venaient d’éclore
Comme sur les coteaux le jour.

Le lierre qui pendait et l’arbre
S’emplissaient de nids familiers
Et les vieux murs semblaient de marbre
Et tous nos rêves d’écoliers