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les flûtes alternées

 
Te souviens-tu des jours moroses,
Si lents, si lourds, dans les préaux,
Où l’on coiffait nos têtes roses
Des perruques de Despréaux ;

Où, dispensateur taciturne
D’hier, de demain, d’aujourd’hui,
Le Temps nous versait de son urne
Toutes les gouttes de l’ennui ?

Te souviens-tu des promenades
Dans le faubourg vil et caduc
Et tout le long des colonnades,
Point-du-Jour ! de ton viaduc ?

C’étaient des boulevards sans bornes,
Portant des noms de maréchaux,
Des talus gris et des prés mornes
Sous les frimas des fours à chaux,

Des berges à l’odeur malsaine,
Des bosquets où les canotiers
Offraient aux nymphes de la Seine
L’ivresse des demi-setiers.