Page:Guerne - Les Flûtes alternées, 1900.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
les rogations

 
Ô terre qui reçois le germe
Et l’enfouis comme un trésor
Et, prodigieuse et sans terme,
T’épanouis en gerbes d’or ?

Terre indulgente qui déploies
Ta robe aux ardentes couleurs
Et qui répands toutes les joies
Comme des corbeilles de fleurs,

Terre, aïeule auguste, ignorante
Des cultes et des dieux humains,
Que t’importe la foule errante
Dans la splendeur de tes chemins ?

Tu n’entends que le chant de l’onde,
L’hymne du vent, la voix du nid.
C’est le rayon qui te féconde
Et le soleil qui te bénit,

Quand à l’aurore tu t’inclines
Sous la main que nul ne peut voir
Et quand midi sur tes collines
Élève l’énorme ostensoir.