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les flûtes alternées

 
Tous, livrés aux becs des vautours voraces
Ou sous le granit pompeux d’un tombeau,
S’évanouiront sans laisser de traces
Comme lorsqu’un souffle éteint un flambeau.

Nous, les fossoyeurs, nous creusons la fosse ;
Chacun fait son œuvre et nous et les vers.
Un trou que l’on bouche, un tertre qu’on hausse,
Et la fleur fleurit et les prés sont verts.

Tout meurt, amour, gloire et beauté charnelle.
Nous seuls, pourvoyeurs du blême néant,
Entassons sans fin la gerbe éternelle
Que jette la mort au charnier béant.


VI

LES AMANTS.


Qu’importe si la vie est brève
Comme un jour d’hiver ? Nous croyons
Que l’amour est le plus beau rêve,
L’astre ayant le plus de rayons.