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les flûtes alternées


V

ÉROS FUNÈBRE


Amour, sombre tyran de nos races charnelles,
Les siècles irrités, pleins de haine et d’effroi,
Arrachant le bandeau qui couvrait tes prunelles,
Du fond de leur passé se lèvent contre toi.

Qu’as-tu fait, qu’as-tu fait de ces êtres de joie,
Jeunes hommes, épris d’un rêve surhumain,
Qui s’en allaient dès l’aube où la clarté flamboie
Et roulent foudroyés au milieu du chemin ?

Ces vierges, par le cœur et les pleurs déjà femmes,
Dont la beauté riait, charmait et triomphait,
Ces roses qui s’ouvraient dans le jardin des âmes,
Ces enfants de lumière, Amour, qu’en as-tu fait ?