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les flûtes alternées


IV

LA DERNIÈRE ÉTOILE


Vos yeux pleins de secrets, de langueur et d’espoir,
Vos yeux pleins de rayons et de lueurs profondes,
Sont beaux comme les lacs, changeants comme les ondes
Que l’aurore éblouit et qu’attriste le soir.

Je les ai vus voilés, mystérieux et sombres,
Ainsi qu’un firmament tragique où rien ne luit,
Et j’ai vu tout à coup les astres de la nuit,
Ô souvenir d’hier ! scintiller dans leurs ombres.

C’était le soir suprême ; il était chaste et doux.
La lune aux flancs des monts tissait sa blanche trame ;
Et vos yeux, sans me voir, réfléchissaient votre âme,
Et l’âme de la nuit divine entrait en vous.