Page:Guerne - Les Flûtes alternées, 1900.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
rêve


II

RÊVE


Ô gouffre du sommeil !

Minuit. Le grand silence
Plane ; la chambre est close où le rêve balance,
Chauve-souris qui rôde autour du noir plafond,
Ses ailes de vertige et de brouillard. Au fond
De tout sommeil heureux, doux, apaisé, limpide,
Où le poète enfin puise un oubli rapide,
Un fantôme s’embusque et le dormeur le voit
Se lever lentement, croître, tracer du doigt
En signes ignorés des mots sur la muraille.
L’homme sent son esprit qui se débat, tressaille,
Sombre et s’évanouit dans l’abîme béant.
La conscience éparse aboutit au néant