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l’heureux soir

 
Un peu de vin, scellé dans une amphore neuve,
Te réjouissait ; et parfois
Tu donnas au passant, à l’esclave, à la veuve
Un fromage gras et des noix.

Tel, ô sage vieillard ! pieux, ignoré, juste,
Tu suivis ton obscur chemin,
Ne t’inquiétant point de savoir quel Auguste
Tenait le globe dans sa main.

Mais, inclinant ton âme aux belles harmonies,
Ton souffle anima les roseaux,
En l’honneur des vergers et des moissons jaunies
Et des ruches et des oiseaux.

Et surtout, dédaignant les amoureuses flûtes
Des bouviers, par Vénus troublés,
Tu ne connus jamais les fièvres et les luttes
Et les pleurs en vain refoulés.

Sachant que toute vierge aux candides épaules
Ne prête qu’un instant son cœur,
Tu laissas sans regret s’enfuir parmi les saules
Galatée au rire moqueur.