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les flûtes alternées

 
Les lampyres épars constellent l’herbe brune
Et des lueurs flottent dans l’air.
Silencieusement, à l’horizon, la lune
Émerge du sein de la mer.

Tel un beau soir couronne une heureuse journée,
Tel, Mopsus, un soir radieux
Épanche sur ta vie égale et fortunée
La paix favorable des Dieux.

Avant de regagner, dans ta chaumière antique,
Ton lit de feuilles et de thym,
Accoude-toi, rêveur, aux restes d’un portique
Pour saluer ton beau destin.

Le champ que tu fouillas fut le champ de ton père ;
L’attelage, au joug accouplé,
A bondi dès l’enfance en ton enclos prospère ;
Ton pain fut pétri de ton blé.

Ton pressoir, tous les ans, écrasa pour ton huile
Les fruits de tes vieux oliviers
Et le poisson rugueux, frit dans un plat d’argile
Fut engraissé dans tes viviers.