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le poète

 
Le laboureur, heureux d’entendre
Le clairon matinal du coq,
Bénit la terre bonne et tendre
Et le sillon facile au soc.

Pieds nus, seins nus, les belles filles,
Gravissant le coteau vermeil,
Ont l’air en serrant leurs faucilles
D’étreindre un rayon de soleil.

Les baisers des lèvres rieuses
Vibrent et font le bruit confus
Des abeilles dans les yeuses,
Des ailes dans les bois touffus.

Tout est splendeur, amour et joie,
Harmonie, oubli, rêve, essor
Vers un avenir qui flamboie
Comme l’astre dans le ciel d’or.

Le soleil triomphal émerge
D’un reste vague de noirceur
Et de sa flamme auguste et vierge
Nimbe la tête du penseur,