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les flûtes alternées

 
C’est l’heure grave, sainte, austère,
Où l’homme, l’esclave d’hier,
Fera du labeur volontaire
Naître l’orgueil de son cœur fier.

Ô rêve ! au vagabond le riche
Criera : — Honte au sort inégal !
Prends le champ, laisse-moi la friche ;
Viens partager mon pain frugal !

Buvons la même onde, ô mon frère,
Au creux de nos mains ; effaçons
De notre fortune contraire
L’iniquité des trahisons. —

Ô vous, que la haine accompagne,
Que l’amour baise les premiers,
Forçats vous évadant du bagne,
Jobs surgissant de vos fumiers,

Meurtris de la grande bataille,
Vous ouvrirez vos bras nerveux
Et tous les brins de votre paille
Resplendiront dans vos cheveux,